Faits saillants du webinaire : Le mandat démocratique de l’Inde décodé : Réflexions sur les élections nationales de 2024

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La Fondation Asie Pacifique du Canada a organisé un groupe de discussion virtuel le 17 juin 2024 pour discuter de la façon dont la victoire amoindrie du premier ministre indien Narendra Modi lors des récentes élections nationales façonnera la trajectoire de l’Inde en tant que puissance montante. Voici un résumé et l’enregistrement vidéo de l’événement organisé par la FAP Canada.

Résumé de l’événement

Le premier ministre indien Narendra Modi a remporté un troisième mandat consécutif historique, mais son parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP), n’a obtenu que 240 sièges, bien loin d’une majorité au Lok Sabha, la chambre basse du parlement indien, qui compte 543 membres. Le résultat des élections reflète le fonctionnement des démocraties « résilientes » qui appliquent des « mécanismes d’autocorrection » pour éviter une concentration excessive du pouvoir, mais il place également Modi devant le défi de la gestion d’un gouvernement de coalition, une première pour lui dans sa longue carrière politique en tant que ministre en chef de l’État du Gujarat (2001-2014) et en tant que premier ministre avec une majorité du BJP (2014-2024).

Pour l’instant, le BJP s’est accommodé de ses partenaires de coalition dans l’attribution des rôles ministériels, bien qu’il semble y avoir une grande continuité (au moins en termes de personnel) dans le cabinet nouvellement assermenté, en particulier dans les portefeuilles clés tels que les Affaires extérieures, la Défense, les Affaires intérieures et les Finances, qui restent dans le giron du BJP. 

Toutefois, le test décisif pour Modi 3.0 consistera à forger un consensus politique sur des questions politiques cruciales. Les alliés du BJP au sein du gouvernement – en particulier les partis qui ne partagent pas son engagement idéologique en faveur du nationalisme hindou – pourraient chercher à tempérer le programme ‘Hindutva’ du BJP. Les résultats des élections montrent qu’en dépit des taux de croissance élevés de l’Inde et de son accession au rang de grande puissance économique, de nombreux électeurs s’intéressent avant tout à des questions d’ordre financier telles que le chômage et l’inflation. En outre, le pays, qui s’efforce de devenir la troisième économie mondiale d’ici 2027, devra mettre en œuvre des réformes économiques cruciales. Le rythme de ces réformes pourrait cependant être ralenti, en particulier avec un retour à la politique de coalition même si, dans le passé, les gouvernements de coalition ont réussi à faire passer des réformes majeures. Au cours de ses deux mandats précédents, le gouvernement Modi, malgré ses victoires incontestables, a eu du mal à adopter des réformes importantes, en particulier dans le secteur agricole et sur le marché du travail.

Bien que les questions internes de gestion de la coalition puissent maintenir le gouvernement sur ses gardes, la continuité de la politique étrangère pourrait rester relativement à l’abri de ces défis. L’Inde restera un rempart potentiel contre la Chine dans un contexte d’escalade des rivalités géopolitiques et pourrait continuer à se trouver dans un « point idéal » stratégique, rapprochant New Delhi de l’Occident malgré des désaccords occasionnels sur les questions de droits de la personne et le fait que l’amitié de longue date de l’Inde avec la Russie reste inébranlable. La « grande stratégie » de l’Inde sera guidée par les objectifs de progression de sa stature géopolitique et de maintien de son autonomie stratégique, mais New Delhi sera également confrontée à des défis sur son principal théâtre stratégique  son voisinage immédiat – en particulier vis-à-vis de la Chine, qui reste son principal partenaire commercial et son adversaire le plus redoutable dans la région.

Enregistrement vidéo

Les intervenants du webinaire :

Aparna Pande, Ph. D., chercheuse et directrice de l’Initiative pour l’Inde, Hudson Institute

Rahul Mukherji, Ph. D., professeur et chef du département de sciences politiques, South Asia Institute, Heidelberg University

Mme Vina Nadjibulla, vice-présidente, Recherche et stratégie, Fondation Asie Pacifique du Canada (Modératrice)