L’année 2020 a posé des défis considérables au monde entier, y compris au Canada. En parallèle à l’expansion du pays, tant pour ce qui est de sa population que de sa position dans le monde, les Canadiens surveillent de près l’approche du gouvernement fédéral en matière de politique étrangère, son alliance avec les États-Unis, le commerce et les investissements internationaux, ainsi que les politiques intérieures susceptibles de favoriser la croissance économique. Les Canadiens reconnaissent la nécessité de diversifier et de construire des alliances qui vont au-delà des relations de voisinage. Ces sujets, ainsi que d’autres d’importance, sont explorés dans le sondage d’opinion national (SON) 2020 de la Fondation Asie Pacifique du Canada (la Fondation), dans lequel 3 519 adultes canadiens ont fait part de leur opinion sur l’état actuel et futur des relations entre le Canada et l’Asie.
Dans le SON de cette année, nous passons en revue diverses questions héritées de nos précédents sondages sur des sujets comme l’identité de l’Asie Pacifique, les sentiments envers l’Asie, l’importance économique perçue de l’Asie pour l’avenir du Canada, le soutien aux accords de libre-échange (ALE) et les politiques provinciales visant à favoriser de meilleures relations avec les pays asiatiques. Le rapport décrit la trajectoire des opinions des Canadiens au cours des 15 dernières années, en soulignant les tendances persistantes ainsi que les changements importants d’opinion de la part des Canadiens sur l’Asie.
Le sondage pose également de nouvelles questions sur des sujets d’actualité controversés, en demandant l’opinion des Canadiens sur l’Asie à la lumière de la pandémie de COVID-19, de l’instabilité des relations sino-canadiennes, de l’immigration et de l’identité canadienne et, enfin, du racisme anti-asiatique au Canada.
Sondage d’opinion national de 2020 : 17 points à retenir
-
Les Canadiens commencent à se sentir moins liés à l’Asie Pacifique. Seuls 38 % des répondants considèrent que le Canada fait partie de la région de l’Asie Pacifique, à savoir une baisse de cinq points de pourcentage par rapport à 2018. Depuis 2013, année où le taux d’accord avec cet énoncé a atteint son niveau le plus bas (18 %), la perception des Canadiens à l’égard du Canada comme faisant partie de l’Asie Pacifique a augmenté régulièrement. Mais l’année 2020 marque un tournant décisif.
- À la lumière de la pandémie de COVID-19, la perception des Canadiens à l’égard des États-Unis et de la Chine devient plus défavorable, tandis que celle envers les autres pays asiatiques reste largement inchangée. Les deux tiers des Canadiens se méfient de la réponse initiale de la Chine à la crise de la COVID-19. Soixante-dix-huit pour cent ont déclaré que leur perception des États-Unis s’est détériorée en raison de la COVID-19, contre 55 % pour la Chine. De plus, une majorité de Canadiens (67 %) ne sont pas d’accord avec le fait que le gouvernement chinois ait agi de manière responsable au début de l’épidémie de COVID-19, tandis que 68 % estiment que le Canada devrait mener une enquête indépendante sur les origines du virus de la COVID-19.
- Les opinions des Canadiens sur la Chine et les États-Unis sont de plus en plus défavorables, atteignant le point le plus bas depuis que la question a été introduite dans les SON de la Fondation en 2010. En 2020, sur une échelle de 1 à 10, où 10 signifie des sentiments « très chaleureux, favorables », la note moyenne de la Chine est tombée à 3,6 et celle des États-Unis à 4,9. En comparaison, les sentiments envers le Japon, la Corée du Sud, le Vietnam et Taïwan sont devenus légèrement plus favorables depuis 2018.
- Malgré les sentiments défavorables, la Chine reste importante pour le bien-être économique futur du Canada selon les Canadiens. La note d’importance économique de la Chine est passée de 5,6 en 2018 à 5,0 en 2020 (sur une échelle de 1 à 7), mais elle reste une région importante pour le bien-être économique futur du Canada. Dans l’intervalle, la perception de l’importance économique des États-Unis a augmenté de 6,0 en 2018 à 6,1 en 2020.
- La montée de la Chine est considérée par les Canadiens comme une menace plutôt qu’une possibilité, tandis que la croissance économique de l’Inde continue d’être perçue comme une possibilité plutôt qu’une menace. Les Canadiens se méfient de plus en plus de la Chine, puisque seulement 35 % des personnes interrogées estiment que la puissance économique croissante de la Chine est plus une possibilité qu’une menace, contre 60 % en 2018. La majorité des Canadiens (83 %) estiment que le Canada devrait tenir tête à la Chine, car les valeurs nationales canadiennes, dont l’État de droit, les droits de la personne et la démocratie sont en jeu.
- Les Canadiens veulent que leur gouvernement obtienne la libération des deux Michael qui sont prisonniers en Chine, que ce soit selon l’approche du bâton ou de la carotte. Environ 73 % des Canadiens estiment que le Canada devrait continuer à dialoguer avec la Chine sans publicité pour obtenir la libération des deux Michael, 67 % pensent que le Canada devrait travailler aux côtés des États-Unis et d’autres alliés pour faire pression sur la Chine, et environ 67 % pensent également que le Canada devrait adopter une approche plus agressive à l’égard de la Chine.
- La majorité des Canadiens pensent que le Canada doit diversifier ses relations commerciales avec d’autres pays que les États-Unis, mais seulement 49 % des Canadiens croient que, dans 10 ans, le commerce avec l’Asie sera plus important que le commerce avec les États-Unis. Ce dernier point marque un déclin important depuis 2018, année où 59 % des Canadiens pensaient que, dans 10 ans, le commerce avec l’Asie serait plus important que le commerce avec les États-Unis. Néanmoins, 58 % des Canadiens pensent que l’exportation de biens et de services vers l’Asie offre davantage de possibilités que le commerce interprovincial.
- Moins de la moitié des Canadiens pensent qu’un plus grand nombre d’investissements asiatiques serait bénéfique pour le Canada et, si la majorité des Canadiens soutient les investissements du Japon et de la Corée du Sud, ils se méfient des investissements en provenance de la Chine. Même si la proportion de Canadiens qui pensent que le Canada bénéficierait de plus d’investissements en provenance de l’Asie est passée de 59 % en 2018 à 47 % en 2020, la plupart des Canadiens restent ouverts à plus d’investissements du Japon, de la Corée du Sud et de l’Inde dans les secteurs de la haute technologie et du biomédical. À l’inverse, les investissements en provenance de Chine n’obtiennent qu’un soutien de 35 % ou moins dans tous les secteurs.
- La plupart des Canadiens se disent favorables à ce que leur gouvernement négocie des ALE avec l’Inde, l’ANASE et l’Alliance du Pacifique. Les Canadiens sont favorables à ce que leur gouvernement négocie un ALE avec l’Inde (63 %) et l’Alliance du Pacifique (76 %). Soixante-huit pour cent sont également favorables à la conclusion d’un ALE avec les pays de l’ANASE, soit une augmentation de cinq pour cent depuis 2018. De plus, 68 % des répondants sont favorables à ce que Taïwan adhère à l’Accord global et progressif de partenariat transpacifique (PTPGP).
-
Le désenchantement à l’égard des États-Unis ne cesse de croître; les personnes interrogées sont plus nombreuses à penser que le Canada devrait s’aligner plus étroitement sur les autres démocraties que sur son voisin du sud en matière de politique étrangère. En réfléchissant à l’approche du Canada en matière de politique étrangère, 56 % des répondants ont estimé que la priorité absolue du Canada devrait être de s’aligner plus étroitement sur d’autres démocraties ayant des idées semblables, comme l’Australie, le Japon, la Corée du Sud, l’UE et le Royaume-Uni. Fait intéressant, 53 % ont classé l’alignement sur les États-Unis comme la quatrième et dernière priorité du gouvernement canadien.
- Les Canadiens sont de plus en plus préoccupés par les questions de cybersécurité et considèrent la guerre cybernétique comme une menace d’une importance décisive pour les intérêts nationaux du Canada. La plupart des Canadiens estiment que les questions de cybersécurité (67 %), le changement environnemental et climatique (63 %) et les questions de santé publique (54 %) sont des domaines d’engagement « très critiques » avec les économies asiatiques. Il est intéressant de noter que les cyberattaques sur les réseaux canadiens sont également en tête des préoccupations des Canadiens, puisque 74 % d’entre eux pensent qu’il s’agit d’une menace dangereuse pour les intérêts nationaux canadiens au cours des dix prochaines années. Dans le cadre de la crise de COVID-19, 61 % des répondants estiment également que les épidémies potentielles constituent une menace dangereuse, suivies de près par la possibilité d’une crise financière internationale (60 %).
- Les Canadiens perçoivent un déclin rapide de la situation des droits de la personne en Chine, et six sur sept pensent que le gouvernement du Canada doit être actif en Asie au sujet des questions de démocratie et de droits de la personne. Seulement 20 % des répondants considèrent que la situation des droits de la personne en Chine s’est améliorée au cours des dix dernières années. La proportion de Canadiens qui pensent que la situation des droits de la personne en Chine n’est pas meilleure qu’il y a dix ans a doublé au cours de la dernière décennie.
- Pour la plupart, les Canadiens sont positifs à l’égard de l’immigration en provenance de l’Asie et estiment que les valeurs canadiennes et la maîtrise de la langue sont importantes pour bâtir une identité canadienne commune. La plupart des Canadiens (78 %) estiment que l’immigration en provenance de l’Asie a un impact positif sur l’économie canadienne, et 64 % pensent que les immigrants asiatiques s’intègrent bien dans la société canadienne. Pour ce qui est de l’intégration, selon 72 % des Canadiens, on ne devrait pas décourager les immigrants de conserver leur identité culturelle, mais les nouveaux arrivants doivent adopter les valeurs canadiennes fondamentales, dont l’égalité, la démocratie et le respect des droits des minorités.
- Cinquante-trois pour cent des répondants pensent que les Canadiens d’origine est-asiatique ont été traités négativement depuis l’épidémie de COVID-19. De plus, 84 % estiment que le racisme anti-asiatique existait au Canada avant la pandémie. À cette fin, 78 % des Canadiens pensent que les autorités doivent mettre en œuvre des politiques qui traitent les crimes raciaux comme des infractions punissables. Ce sondage révèle également que 53 % des Canadiens estiment que, même après la pandémie, l’hostilité anti-asiatique du Canada ne disparaîtra pas.
- Les Canadiens sont largement favorables à une plus grande place de l’Asie dans les programmes d’études provinciaux et au financement d’un plus grand nombre d’échanges étudiants. Dans toutes les provinces, 60 % des Canadiens ou plus soutiennent les politiques qui permettraient d’accorder plus de place à l’Asie dans les programmes d’études et de financer davantage les programmes d’échange et de coopération pour que les étudiants canadiens puissent acquérir une expérience en Asie. Cependant, environ 50 % des Canadiens s’opposent à l’idée que les gouvernements provinciaux donnent davantage d’importance à l’enseignement des langues asiatiques dans les écoles afin de renforcer les liens avec l’Asie; les Saskatchewanais et les Manitobains accusent le plus d’opposition.
- Les Canadiens ne sont pas entièrement favorables à de nouveaux investissements en provenance de pays asiatiques dans leur province, mais la majorité d’entre eux sont favorables à l’ouverture de bureaux commerciaux provinciaux en Asie et à la promotion de relations de jumelage avec des villes/provinces asiatiques. Dans ce sondage, seuls 52 % des Canadiens sont favorables à de nouveaux investissements en provenance des pays asiatiques, tandis que 39 % s’y opposent. Les répondants de l’Ontario (55 %) et des provinces de l’Atlantique (57 %) sont les plus favorables.
- Plus de la moitié des Canadiens estiment que les médias ne fournissent pas d’information adéquate sur les questions d’actualité et les développements en Asie. Environ 52 % des Canadiens ne sont pas d’accord avec l’énoncé voulant que les médias canadiens présentent de l’information adéquate sur les questions d’actualité en Asie. Fait intéressant, les Canadiens considèrent les nouvelles provenant des sources d’information traditionnelles comme la principale source d’information sur l’Asie.